Coopérations en tiers-lieux - Témoignages et pistes pour un dispositif souhaitant favoriser les coopérations.

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Verbatims et témoignages d'acteurs des tiers-lieux.

Cet espace a vocation à rassembler un maximum de récits, verbatims, témoignages et de cas d'usages de la coopération en tiers-lieux. Cela afin de mieux voir et comprendre comment les communautés qui développent des ressources libres utiles aux tiers-lieux pourraient mettre en oeuvre plus de coopérations avec les lieux.

Valoriser

Donner à voir l’intérêt de ce qu’il s’y passe

« Les collectifs cherchent une façon de valoriser la richesse que leur lieu produit directement ou indirectement. Ils ne savent pas quoi mesurer, pour le dire comment et à qui ? Les contributeurs travaillent à titre gracieux, ne sont pas formés et sont peu disponibles pour réaliser ce travail d’enquête, de récolte et d’éditorialisation. »

« La valorisation a un intérêt vis à vis des financeurs mais aussi surtout dans les discussions avec les propriétaires fonciers, les bailleurs et les collectivités territoriales en amont de conventionnements ou de signatures de baux. »

« Les outils d’évaluation proposés pour les tiers-lieux sont souvent trop lourds à manipuler pour celles et ceux qui font vivre ces lieux. Il y a toujours un travail d’adaptation et de simplification des outils à réaliser. »

« Les financeurs et institutions mobilisent de plus en plus des incitations voire des injonctions à la coconstruction et l’implication des usagers. Acceptent-ils de financer aussi ce travail de mobilisation et d’animation des apprentissages et de constructions communautaires ?

Politiquement correct

Positionner la coopération

« L’incitation à la coopération pour les structures qui ont des activités économiques peut passer par la défiscalisation. Notre SCOP a créé un fond de dotation pour pouvoir valoriser les 3 ou 4 heures hebdomadaires que passaient les membres fondateurs de la coopérative dans l’émergence et l’animation de la coopération locale. »

« La question du rescrit fiscal, le désengagement de l’état vis à vis de l’économie ça me travaille. J’ai besoin de voir que ce que l’on fait ne participe pas à ce mouvement de délégitimation de l’état. »

« On bidouille et on teste des choses liées au travail. Est-ce que des juristes peuvent nous aider. Comment nos pratiques rencontrent le droit du travail et qu’est ce que cela dit de nous ? »

Des réseaux d’individus

pas d’organisations

« Beaucoup de lieux ne se retrouvent pas dans les réseaux régionaux et institutions, ne veulent pas coopérer ou fricoter avec d’autres lieux qu’ils estiment contre leurs intentions. Ils fonctionnent à la confiance, bouche à oreille, il faut avoir fait ses preuves pour coopérer, montrer qu’on fait partie de la communauté ou d’une communauté qui partage les mêmes valeurs et rencontre les mêmes difficultés du quotidien. »

« Les majorité des membres n’aiment pas les consultants. Les acteurs de terrain se méfient des accompagnateurs. »

« Important de s’ouvrir et d’embarquer régulièrement des personnes pour oxygéner la coopération.  Cela prend beaucoup de temps. »

« On coopère et on monte des projets là où c’est fluide entre les personnes. Si c’est lourd ou laborieux on va voir ailleurs.» « Faut aussi sortir de la facilité de travail avec ses copains, faire un effort pour changer un peu d’air de temps en temps.»

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« On a pu coopérer avec la ville et la métropole parce qu’il y avait des relations avec des personnes à l’intérieur. »

« Un tiers-lieux c’est déjà un système complexe de relations, un réseau de tiers-lieux doit tisser des relations multiples entre différentes personnes dans chaque lieu. »

« Aujourd’hui une personne part, un pont s’effondre et de nombreuses coopérations s’arrêtent, construisons plusieurs ponts au sein des coopérations. »

Gouvernances et cultures de travail et de créations

« On observe dans la plupart des lieux de ce réseau une culture de l’assemblée et un attachement fort à l’horizontalité et à la décision collective. On retrouve moins la culture anarchiste de promotion de l’autonomie. »

« Je serai vigilant dans les prochains démarrages de coopération à mieux identifier et m’assurer l’adhésion des quelques personnes qui peuvent tout faire foirer en imposant leur avis. Les personnes en direction ou avec un pouvoir symbolique qui se permettent d’intervenir en dehors des périmètres de la gouvernance partagée. »

« Je cherchais à monter un projet avec un enseignant, je suis salarié dans le lieu, nos emplois du temps étaient difficilement conciliables. »

« Je suis plutôt pour essayer vite les idées et prendre le risque, voir ce qu’il se passe. D’autres ne fonctionnent pas comme ça et ont besoin de beaucoup discuter et s’assurer que tout est bien réfléchi, borné. On essaye de trouver des rythmes de compromis.»

« Numérique, commoning, c’est encore des gros mots ici. Personne ne ressent la nécessité d’écrire, d’enregistrer, de construire de la connaissance commune. Écrire c’est figer, c’est se mettre en posture de recette, ça ne plaît pas dans nos lieux.»

« J’ai vite compris que je pouvais pas dire qu’il fallait faire comme ça ou comme ça, alors que j’avais le sentiment d’être le plus calé techniquement sur le projet. Au final, j’ai plus appris à mener des projets communautaires qu’appris à réaliser ce pour quoi on s’était réunit, et qu’on a pas réussi à réaliser. »

S’investir et investir

Engagements, besoins et disponibilités

« On s’est vite retrouvé à porter beaucoup de choses dans le projet de coopération. Les partenaires s’étaient fait réabsorber dans leurs quotidiens. C’était embêtant parce qu’on ne se l’était pas dit au départ, on avait pas réalisé à quel point ça allait être plus lourd pour nous.. »

« Le montage imposé par les financeurs ne nous permettait plus d’assurer la coordination du projet comme ce qui était prévu au départ. En plus d’être chronophage cela créait une forte injustice entre les membres de la coopération. »

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« Les collectifs avec lesquels j’ai envie de coopérer viennent et demandent de quoi on a besoin. Je veux plutôt savoir ce qu’ils proposent. Ils ne savent pas quoi offrir en échange alors qu’ils savent faire des trucs géniaux. Ils ont besoin d’aide pour imaginer ce qu’ils peuvent offrir en échange. »

« Je constate que plus on formalise les conventions et les coopérations en tentant d’objectiver un maximum de choses, moins il est facile pour des collectifs éloignés de cette culture de rejoindre l’aventure.. On a de moins en moins de bonnes surprises, on vit moins de petites pépites inattendues. »

« Les contributeurs·trices n’ont pas de temps à investir dans des formations ou ateliers hors de leurs lieux pour améliorer quelque chose. Les accompagnements et compagnonnages devraient se faire in situ, en action, parce que c’est là que les contributeurs sont présents et disponibles. Ce sont les lieux les espaces d’apprentissage, pas les salles de formation et d’ateliers. »


Témoignages et contributions de Jean-Philip Lucas, Jordi Castellano, Perrine Thebault, Anaëlle Lhermitte, Julie Le Mer, Arnould Jodry, Igor Louboff, Anne-Sophie Van Rijn, Amélie Chapet, Jonas Turbeaux, Axel Chabran. Réalisation et illustrations par Benoît De HAAS

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